Cendrine Browne rime avec PyeongChang

Cendrine Browne (photo: Michel Artaunovitch)

Cendrine Browne (photo: Michel Artaunovitch)

Vous connaissez l’expression “avoir le couteau entre les dents”? Oui? Bien j’en ai une nouvelle pour vous: avoir la machette entre les crocs.

par pierre shanks

C’est à peu près comme ça qu’on peut décrire la prestation de Cendrine Browne, vendredi, aux sélections olympiques de Ski de fond Canada au mont Sainte-Anne.

C’est qu’on ne l’attendait pas vraiment dans un sprint classique, la toute première épreuve au programme. Cendrine a survolé derrière Dahria Beatty, la meilleure sprinteuse canadienne déjà qualifiée pour les JO, tant la qualification que les vagues éliminatoires (marquées par la disqualification d’Olivia Bouffard-Nesbitt), à l’exception de la finale où elle a manqué un peu de “jus”, mais pas suffisamment pour rater la nomination olympique!

Cette athlète a le don de vous rentrer ça dans les dents quand on ne s’y attend pas.

Bien sûr, l’inquiétude était grande après sa déconvenue dans le 10 km libre (skate) de Toblach, en Coupe du monde, le 16 décembre. Une 55e place encaissée dans la misère mentale, les jambes sciées par la pression.

Bien au-delà des résultats, LA question qui chicotait les observateurs, après Toblach, était de savoir comment Cendrine réagirait sous une pression encore plus forte, car au mont Sainte-Anne, ça passait ou ça cassait pour la skieuse des Fondeurs Laurentides.

“Toute la semaine, j’ai vécu du stress, je n’arrivais pas à dormir! a révélé Cendrine. J’étais rendue au Plan B (NDLR: qualification olympique au MSA) et je ne pouvais pas m’empêcher de penser: si je ne réussissais encore pas? La question me tourmentait. Je suis donc allée voir ma psychologue sportive qui m’a aidée à passer à travers ce moment stressant et qui m’a donné des outils. Elle m’a expliqué qu’au lieu de fuir la pression et d’agir comme si c’était mauvais, je devais l’accepter et elle m’aiderait.”

Comment donc. Ce faisant, elle a peut-être trouvé la recette pour lui permettre de vaincre son stress: “Oui. Hier soir (jeudi), j’ai super bien dormi et je me sentais d’attaque ce matin. Je me suis concentrée sur ce que je pouvais contrôler et j’ai laissé ce que je ne contrôlais pas de côté. Je me suis concentrée sur mes mouvements. Chaque mouvement devait être relax et parfait.”

Dahria Beatty & Cendrine Browne (photo: Mario Walker)

Dahria Beatty & Cendrine Browne (photo: Mario Walker)

On retrouve ici toute une école de pensée moderne dans le sport d’élite: ce n’est pas le résultat, mais la façon de s’y rendre qui compte. The process, comme on dit en anglais. Bien sûr, quand un(e) athlète est bien concentré(e) sur ce qu’il/elle contrôle, le résultat est éloquent!

Mais encore, le retour au pays quand on passe si proche, un seul rang, de la qualification olympique, a dû être pénible? Sur quoi cogitait-elle dans le long retour en avion?

“Je savais que j’étais capable de prouver que je méritais ma place sur l’équipe olympique. C’est sûr que j’étais déçue, parce que j’étais tellement concentrée sur le Plan A (NDLR: se qualifier en Europe) et j’étais tellement sûre que j’allais réussir. Quand je suis arrivée 31e (4 par nation), je me disais que le top 30 n’allait pas tarder. Je n’avais donc pas du tout pensé au plan B.

“Pendant le vol, je pensais qu’au moins grâce au Plan B, je pourrais serrer ma famille et mon copain dans mes bras après une longue période sans les voir. Après avoir vécu cette grosse déception, passer du temps à la maison est ce qui m’a fait le plus de bien.”

Cendrine Browne (photo: Mario Walker)

Cendrine Browne (photo: Mario Walker)

La famille, le chum, le remède parfait pour retomber sur ses pattes. Et quand elle s’est présentée au MSA vendredi matin, la vraie Cendrine était au rendez-vous.

“Je me sentais bien, je me sentais légère, je souriais à tout le monde, je me sentais moi-même, comme la Cendrine qui fait du ski parce qu’elle adore la glisse. Je ne ressentais pas la pression, ou si je l’ai ressentie, elle m’a aidée. J’ai gravi les côtes comme jamais! Je me sentais si bien. Dans les vagues, je me sentais pareille comme dans la qualif. Il y a juste dans la finale A que j’ai ressenti qu’il me manquait un peu d’énergie.”

Enfin, ceux et celles qui connaissent Cendrine ne seront pas étonnés de sa réflexion finale: “C’est sûr que j’ai eu une pensée pour ma mère (Julie Bruneau) quand j’ai eu la nouvelle. Je sais qu’elle aurait tellement aimé vivre ce que je vis et qu’elle est extrêmement fière de moi. Elle savait que j’allais réussir, elle avait confiance en moi, elle me le disait souvent.”

Beau. C’est juste beau.

Cendrine Browne (photo: Michel Artaunovitch)

Cendrine Browne (photo: Michel Artaunovitch)

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