Alex Harvey, foule cool

Alex_Orford_Saison 2004_05

par Pierre Shanks (article publié le 28 février 2005)

Alex Harvey. Il m’avait donné rendez-vous à son motel. Petit motel tout simple, qui sent le motel, le long du chemin qui borde le mont Orford. Il était là pour une compétition provinciale.

Aucun restaurant, cafétéria ou salon dans les parages. On s’assoit donc sur les lits dans sa chambre. Devenue chambre d’ados. Les valises et les sacs, ouverts et qui débordent, jonchent le plancher. Des bottes, des gants, de la bouffe, des tuques et des skis partout. Méga désordre. Ça sent l’athlète là-dedans. Deux lits doubles… pour trois gars. «Oui mais dans les compétitions nationales, c’est plus luxueux, on a chacun notre lit.» Ah bon!

16 ans et tout le contraire de ma fille du même âge. Elle fait carte de mode, coupe Avril Lavigne, jean super moulant, chandail Hurley, casquette Von Dutch. Il a une tête ébouriffée, jean je-me-fous-de-la-marque, chandail quelconque. Marche lentement, désinvolte, cool.

Ça, un skieur? C’est la première impression. Les jeunes skieurs de fond ont l’air de rien du tout quand on les regarde, comme ça. C’est qu’à la base, pour être bon en ski de fond, il ne faut pas tant une grande masse musculaire (qui aidera en vieillissant) qu’une bonne capacité à utiliser l’oxygène inspiré pour alimenter les muscles. Un peu comme un feu est alimenté par l’oxygène. Tu coupes l’oxygène, le feu s’éteint. C’est ce qu’on appelle le VO2max.

«En fait, c’est une combinaison de plusieurs facteurs, dit Les Parsons, un entraîneur invité au club du mont Ste-Anne (M.S.A.) et qui fut l’entraîneur de club de Beckie Scott. Alex travaille également une solide base musculaire, abdominaux, haut du dos, bas du dos et le reste, il a une bonne technique et surtout, surtout, il est très tough dans la tête.» Gros mental, donc.

harvey_2005

C’est pour ça qu’il est rapide, qu’il progresse et qu’il commence à réellement faire parler de lui dans le milieu. Plus juste à cause de son père. D’ailleurs, réglons ça tout de suite une fois pour toutes. Oui, Alex est le fils de Pierre Harvey, l’un des plus grands athlètes que le Québec ait produits. Non, ça ne le dérange pas du tout qu’on fasse référence au paternel, il a l’amour et le soutien inconditionnel de ses parents. «Si ça peut m’aider au niveau des commanditaires… De toute façon, si tu gagnes pas de courses, le nom veut pas dire grand-chose.» Pas plus compliqué que ça mon ami.

En fait, il n’y a pas grand-chose dans la vie qui semble déranger Alex Harvey. Il a 16 ans, il s’amuse, skie l’hiver et pédale l’été. Vélo de montagne. L’heure des choix approche cependant pour Alex l’athlète. «L’affaire, c’est que l’entraînement intensif pour le ski se passe l’été, et celui pour le vélo se passe l’hiver. Je veux encore pédaler cet été, mais après… Je penche pour le ski parce que je trouve qu’on est mieux encadrés.»

Dans sa tête, par contre, Alex sait exactement ce qu’il veut. Devenir olympien. À 16 ans, c’est normal, le regard est encore un peu fuyant, mais on sent sa conviction profonde. «Je veux aller aux Jeux olympiques, ça c’est sûr…»

«En 2010, j’aurai 21 ans, j’en serai à ma deuxième année senior, c’est très jeune, je le sais, mais c’est quand même possible de faire l’équipe canadienne. En plus, ça va être ici au Canada, à Whistler. Je suis allé deux fois dans l’Ouest, j’ai aimé ça. Ce serait l’fun comme première expérience. Pour de bons résultats, ce serait plutôt les Jeux de 2014 et 2018.»

Voyons voir. En 2018, Alex, tu vas avoir 29 ans. Tu penses à ça? Tu t’imagines, tu te vois à 29 ans?

«Ben non! Je pense au futur, mais pas à dans dix ans. Je pense à… dans un mois, aux Championnats canadiens!»

16 ans et foule cool. Bel âge.

Leave a comment