(Alex en 2007 – Photo: Robert Bédard)
Par Pierre Shanks
Mercredi 8 mars (2006), Thunder Bay, Championnats canadiens de ski de fond.
C’est l’épreuve du 15 km style libre chez les hommes juniors. Alex Harvey, relax comme d’habitude, attend le coup d’envoi.
C’est un départ groupé, c’est-à-dire tout le monde ensemble. Cette épreuve ressemble un tout petit peu à une course de cyclisme. Tout petit peu, car il n’y a pas d’effet de peloton, pas de kamikaze qui se sacrifie pour le leader de l’équipe et le reste. Mais tu sais qui sont tes véritables adversaires, tu sais où ils se trouvent et tu les surveilles.
Alex a fait sa course. Plutôt «mollo» pendant 12 km. Et là, dans une montée, il a embrayé. Quatrième vitesse. Il a déposé le peloton au complet. Au revoir il est parti. Comme une balle. Tout le monde savait que c’est comme ça que ça se passerait. Tout le monde sait qu’Alex est plus fort que tout le monde dans son groupe d’âge (17 ans).
«C’était ça ma stratégie, dit Alex. Je me sentais super fort. J’allais vraiment moins vite dans le premier tour. Je surveillais. Au 2e tour, j’ai accéléré un peu. Avec environ 3 km à faire, dans une des montées les plus difficiles, j’ai creusé un écart…»
Quelques minutes plus tard, les poursuivants ont vu une petite tache foncée, loin devant, franchir la ligne d’arrivée avec une avance incroyable de 55 secondes.
«Dans cette course, Alex a fait ce qu’il voulait, quand il le voulait, dit Stéphane Barrette, directeur général de Ski de fond Québec.
«Alex est un petit peu dans un autre monde, parce qu’il est vraiment de calibre international. Il est comme son père il y a 20 ans. Pierre gagnait ses courses avec deux minutes d’avance…
«Mais si on était en Scandinavie, il y en aurait probablement 5 ou 6 autres comme Alex.
«Tu sais quoi? Petter Northug, le Norvégien qui a gagné mercredi le 2 X 10 km poursuite de la Coupe du monde en Suède, c’est un junior! Alex se bat avec des skieurs comme lui, même si Northug (20 ans, également champion mondial junior) est plus vieux que lui.
«Alors ici (au Canada), Alex n’a aucune pression. Il s’amuse. Et il trouve ça drôle de skier avec des seniors. Eux autres, ils trouvent ça moins drôle par exemple!»
Sans compter qu’il a un «gros mental». Il n’a pas peur de souffrir. «Ouais, mais il faut en prendre et en laisser avec les histoires de mental, met en garde Barrette. Si Alex gagne par une ou deux secondes, penses-tu que c’est parce que le deuxième a un mental moins fort? Voyons donc, à ce niveau-là, ils ont tous un bon mental. Alex gagne parce que ses capacités génétiques sont très fortes.»
OK d’abord.
Alex Harvey a un physique génético-mental foule fort!