
Liliane Gagnon (photo: Michèle Carrière)
“Liliane, c’est un diamant brut encore, tout est possible avec elle.”
François Pépin, qui nous affirmait ça avant les sélections pour les mondiaux juniors/M23 la semaine dernière au MSA, n’aimera pas trop qu’on dise ça, modestie oblige, mais la réalité est qu’il est devenu un entraîneur émérite.
par pierre shanks
Au CNEPH, il connaît bien ses ouailles et son travail consiste entre autres à polir ce petit diamant découvert il y a peu.
Depuis 2018, la jeune Shawiniganaise d’origine empile les bons résultats chez les juvéniles/juniors. Elle a 17 ans et n’est pas sur l’équipe nationale junior. Normal, elle n’était pas encore sur le radar. Notez bien. Elle a 17 ans mais se frotte maintenant aux 18-19 ans.
C’est pourquoi son expérience internationale est limitée. Elle se développe rapidement sous la loupe de Pépin et des spécialistes du CNEPH au point qu’on ne sait pas trop pour l’instant où elle “frappera” dans une compétition.
“Actuellement, elle a tiré son épingle du jeu surtout en sprint, mais elle est vraiment une skieuse complète, nous disait Pépin. Elle s’est qualifiée pour les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) grâce à son sprint à Canmore, mais aux sélections, tout est possible en style libre ou en classique.”
À Lausanne, aux JOJ, elle a cumulé des top 30 dans les trois compétitions auxquelles elle a pris part (sprint libre, 5 km classique et cross-country).
Elle n’a eu qu’une semaine au retour pour se remettre en “mode compé”.
“J’ai fait vraiment attention tout au long de mon voyage pour ne pas tomber malade et à mon retour je fais de même, nous a-t-elle écrit. J’ai également pris une journée de repos complet où j’ai tenté de récupérer du décalage horaire en reprenant mes habitudes de sommeil normal.
“Dès le lendemain, je suis rembarquée sur les skis avec des intensités au menu. Sinon, mes entraîneurs m’ont beaucoup aidée avec mon entraînement pour être prête pour les courses, car j’ai peu d’expérience avec une situation pareille, le fait de revenir d’Europe et d’avoir des courses importantes une semaine après.”
Les sélections au MSA

Liliane Gagnon (photo: Alexandra Racine)
Son corps a suffisamment bien “répondu” aux sélections pour la qualifier en vue des Championnats du monde juniors. On a senti qu’elle gagnait en force au fil des courses. Cinquième place junior dans le sprint libre, 9e place junior au 5 km classique (départ individuel) à 43 s de la tête, puis 3e au 15 km libre départ groupé, à 4 s de la gagnante et 0,1 s de la 2e place. C’est ce dernier résultat qui a fait la différence.
Ce scénario l’a-t-elle surprise? “Oui et non, répond-elle, car je savais que le skate était ma force et c’était un bon parcours pour moi. Je le connaissais très bien et j’étais prête à tout donner pour me reprendre des courses précédentes et m’assurer d’une place.
“Par contre, j’étais pas habituée de faire des 15 km, car normalement dans ma catégorie M18 on ne fait pas vraiment cette distance, mais je crois que j’ai bien géré ma course même s’il me manquait un peu d’énergie vers la fin.”
“J’ai été surprise par ma forme. Ça allait quand même bien dans les circonstances et je crois que c’est moi qui me mettais le plus de pression pour me prouver que je pouvais faire les JOJ et les Championnats du monde juniors.”
Ce qui coule dans les veines

Liliane Gagnon (photo: Alexandra Racine)
Justement! Quand elle a été sélectionnée pour les JOJ, elle a dû faire un choix. La priorité de la saison deviendra-t-elle les JOJ ou restera-t-elle les mondiaux juniors? Elle a choisi les JOJ. Un bon choix, certes, qui rendait cependant très risquée sa sélection pour les mondiaux tout de suite après, la compétition étant forte au niveau national chez les juniors.
Mais quand on a du sang de championne dans les veines… Liliane s’est entêtée, elle s’est battue et la voilà qui représentera le Canada aux Championnats du monde juniors. La pression? Pfft!
“Je me mets pas de pression car je ne sais pas à quoi m’attendre vraiment. Je vais courser de mon mieux et tout donner. Pour les objectifs, un top 30 pourrait vraiment être super, mais encore une fois, je sais pas à quoi m’attendre.”
Ses adversaires non plus.
Le radar chauffe.

Liliane Gagnon – (Photo: Alexandra Racine)