Ainsi donc, une super complicité continue de souder les athlètes juniors du Centre national d’entraînement Pierre Harvey (CNEPH) à mesure qu’ils sont appelés à travailler ensemble pendant les courses.
par Pierre Shanks
Même qu’en plus, les garçons vivent ensemble dans une maison au pied du mont Ste-Anne! Nous aurons l’occasion de revenir là-dessus…
La semaine dernière, nous avons raconté la première expérience de travail entre elles de Frédérique Vézina et Anne-Marie Comeau lors des Championnats canadiens de l’Est, début février.
Deux semaines plus tard, le scénario allait se répéter lors d’une course à Middlebury, au Vermont, et cette fois c’est à trois que les juniors du CNEPH en ont mis plein leurs skis aux Américaines. Oui, trois. Cendrine Browne en plus, auteure d’une saison exceptionnelle.
Faut croire que les enseignements de Godefroy Bilodeau et Louis Bouchard portent leurs fruits et qu’on y prend goût à travailler en équipe!
L’œil aiguisé de Godefroy n’avait rien raté deux semaines plus tôt. «Il y avait Kate Brennan en avant, puis Emily Nishikawa et une troisième qui la pourchassaient… côte à côte. J’avais le goût de leur crier : mais non, pas comme ça! Et là j’ai vu les nôtres (Vézina et Comeau), une derrière l’autre… voilààà ce qu’il faut faire!
«Il faut dire aussi que la communication est beaucoup moins développée chez les filles que chez les gars, ajoute Godefroy. Les filles n’ont pas la même force, donc il y a moins de dynamique dans le «pack». Rapidement il y en a qui s’échappent et d’autres qui prennent du retard. Le «pack» est moins dense chez les filles.»
Malgré tout, pour un deuxième événement de suite, chez les CNEPH, on s’est collé pour travailler. Et c’était en quelque sorte une première pour Cendrine.
« Ça m’est déjà arrivé de travailler avec des filles du Québec dans des compétitions nationales, mais ça ne m’était jamais arrivé encore de travailler avec les filles du CNEPH lors d’une course, dit-elle. J’avais déjà travaillé avec Fred dans les années passées, mais nous n’étions pas sur la même équipe dans ce temps-là.
« Nous avons pris des relais. Nous n’avons pas travaillé très longtemps toutes les trois ensemble, dû à une chute dans laquelle s’est retrouvée Anne-Marie. Donc Fred et moi sommes restées environ 8 km ensemble, mais il y avait également une fille de Middlebury qui travaillait avec nous.»
Cendrine a solidifié son potentiel cette saison, avec comme point culminant une remarquable 15e place (5 km skate) à ses premiers Championnats du monde juniors.
Mais ce n’était pas évident pour elle cette journée-là, à Middlebury. Elle ouvre son cœur quand elle confie ses états d’âme au moment où la douleur la tenaillait le plus. «Je pensais tout simplement à ne pas lâcher, à continuer à suivre les filles jusqu’au bout. J’étais tellement exténuée que si je m’étais retrouvée toute seule, je n’aurais pas été capable d’aller au même rythme que les filles allaient. Dans ma tête, je ne cessais de me répéter: Allez, lâche pas! Encore juste un petit bout! Reste avec elles!»
Évidemment, vu de l’extérieur, rien ou si peu n’y paraît. «Les autres coachs criaient lorsqu’on dépassait leurs skieuses: Accrochez-vous à ces Canadiennes!», raconte Cendrine.
Au final, elle a fini 5e, tout juste derrière Frédérique (top junior!). Anne-Marie, remise de sa chute, a pris le 7e rang. Trois juniors dans le top 10, toutes les autres étaient des U23 de 20 ans et plus.
Là encore, des têtes se tournent.
«En fin de semaine, nous avons attiré l’attention c’est certain, car il s’agissait d’une course aux États-Unis, donc la plupart des équipes étaient américaines. Je ne sais pas s’il y en a qui nous envient, car on n’était pas très connues à Middlebury. Cependant, au Canada, c’est certain qu’il y en a qui nous envient, car nous avons une sacrée équipe!», conclut Cendrine.
Trois juniors, trois Canadiennes, trois coéquipières, trois complices.
Trois joyaux.