La consécration d’Olivier Léveillé

Les XXIVes Jeux olympiques d’hiver sont terminés. Le rideau est tombé sur Beijing. L’heure est aux bilans dans toutes les fédérations canadiennes de sports d’hiver.

Olivier Léveillé (JO 2022)

par pierre shanks

Ces Jeux ont été enlevants pour plusieurs des athlètes canadiens de ski de fond et de biathlon, les deux sports auxquels s’intéresse notre blogue.

Du côté du ski de fond, il y a bien sûr les deux remarquables top 20 de Cendrine Browne et le sprint par équipes masculin, mais quand on tire la ligne, un athlète ressort en particulier du lot: Olivier Léveillé.

On savait avant les Jeux qu’Antoine Cyr était le meilleur skieur au Canada. Malgré quelques difficultés d’adaptation à l’altitude, sa prestation dans le sprint par équipes avec Graham Ritchie n’a fait que confirmer le talent que tout le monde lui connaît. À Graham aussi.

En entrevue avec Skiplus après sa 27e place au 30 km libre, Olivier Léveillé, lui, a reconnu que ce n’était pas exactement son cas.

“Je sentais en arrivant ici que j’avais un peu des choses à prouver, a dit Olivier au téléphone. C’est facile à dire quand tu te qualifies en Coupe du monde, qu’il y a des gens qui mettent en doute ta place. Je pense qu’en étant premier Canadien dans toutes les épreuves de distance (NDLR: 31e au skiathlon, 29e au 15 km C, 27e au 30 km libre), j’ai vraiment prouvé que je fais partie de l’élite et que je mérite amplement ma place. Je suis vraiment honoré de faire partie du noyau qui, je l’espère, sera solide et soudé jusqu’aux prochains Jeux.”

Olivier Léveillé - Skiathlon JO 2022
Olivier Léveillé à l’arrivée du skiathlon aux JO 2022

Olivier s’est surpris lui-même au cours des Jeux. Il sait dorénavant qu’il est capable d’élever son ski au plus haut niveau quand ça compte.

“Je me suis surpris et on dirait que je me suis toujours surpris avec mes performances plus les événements sont d’envergure. Je me suis surpris d’avoir bien composé avec tout le stress et l’ambiance olympique. Ici tout le monde arrive, tsé, tu as 4 ans pour te préparer pour être au meilleur de ta forme. Oui ce sont les mêmes gars qu’en Coupe du monde, mais ce sont des gars de la Coupe du monde qui se sont préparés pendant 4 ans pour peaker aux Jeux. Alors de faire ici les mêmes résultats ou presque qu’en Coupe du monde en début de saison, ça montre que moi aussi j’ai réussi à élever mon ski et ma forme avec le calibre ici.”

Dire que ses objectifs étaient modestes en se présentant à Beijing…

“J’arrivais là surtout dans le but de prendre de l’expérience, je “focussais” vraiment là-dessus. C’est certain que je me disais, pour pouvoir dire si j’ai réussi mes Jeux… un top 30, c’était ça mon barème pour être fier et dire que c’était une expérience réussie.

“Par après, je me fixais de nouveaux objectifs, on vise toujours plus haut tsé! Je veux pas finir ma carrière 30e! Nous sommes des compétiteurs!

“Ce matin (au 30 km), je visais plus haut que le top 30, mais malheureusement j’ai brisé un ski. Il ventait au-dessus de 40 km/h. Je me suis ramassé 54e au 5e km et pour remonter… j’en ai avalé du vent!”

Olivier Léveillé (photo: Nathaniel Mah)
Olivier Léveillé (photo: Nathaniel Mah)

Avoir des bombes sous les pieds a aussi été essentiel à ses succès.

“Le fartage, excellent, excellent! C’est vraiment cool d’avoir des Québécois ici. Je ne les connaissais pas beaucoup. Je ne leur avais parlé que quelques fois avant le début des coupes du monde cette année. Ç’a vraiment cliqué tout de suite avec mon farteur Félix-Antoine Vézina et aussi Simon Boisvert.

“Même si je ne les connaissais pas personnellement avant d’arriver en Coupe du monde, c’était comme si j’avais un petit peu de la maison partout avec moi. Ça m’a rendu vraiment à l’aise. Pis en plus de ça ils sont super bons avec les skis! Notre fartage est très compétitif.”

Olivier Léveillé (photo: Michèle Carrière)
Olivier Léveillé (photo: Michèle Carrière)

De toute évidence, Olivier s’est présenté aux Jeux dans une forme resplendissante. Un pic de forme, un peak, comme le disent tous les athlètes. L’entraîneur-chef du CNEPH, Louis Bouchard, est le maître d’oeuvre dans ce domaine. Il n’a pas raté son coup, comme le souligne Olivier, en ajoutant une touche humoristique dans toute la vigueur de ses 20 ans!

“Pour rire, tu sais, j’ai tellement progressé dans les 2-3 dernières saisons que je ne sais même plus si c’est juste de l’amélioration ou un peak! Je pense encore que je suis juste en train de m’améliorer constamment. Je ne pense pas que ce soit nécessairement un peak; je prends de l’expérience, je prends des heures d’entraînement, j’améliore ma technique, j’améliore ma forme physique et je fais juste progresser dans la bonne direction.

“Dans les années à venir, c’est plus là que je vais pouvoir voir si je suis capable de vraiment peaker pour un certain événement, mais là ma préparation était vraiment parfaite pour être en forme pour ces événements-là (les JO). Pareil comme je pense que la préparation était bonne pour être super en forme pour la P1 (1re période des coupes du monde).”

Olivier Léveillé - Alice Basque
Alice Basque et Olivier Léveillé

Et ce qu’il a appris de plus précieux à ses premiers Jeux olympiques?

“De rester moi-même, répond-il tout de go. De me faire confiance, d’avoir du plaisir à faire ce que je fais, d’avoir du plaisir à m’entraîner, d’avoir du plaisir à courser et vraiment profiter du moment présent et de donner mon max. C’est vraiment ça que j’ai retenu et je pense que ça va m’être utile pour toutes les épreuves dans ma carrière et aussi dans ma vie.”

De belles paroles, à coeur ouvert. Qui de mieux pour corroborer qu’Alice Basque, son amie de coeur, qui le connaît sous toutes ses coutures.

“Ce qui m’a marqué la première fois qu’on s’est appelés lors de son arrivée en Chine, c’est qu’il venait tout juste de réaliser l’ampleur de ce qu’il était en train de vivre, nous a écrit Alice. Je crois que ce qu’il aura appris de plus important aux Jeux, c’est de se faire confiance. Des fois, Oli a de la misère à se voir comme on le perçoit de l’extérieur. Mais cette fois-ci, il a définitivement compris. À force d’être autant dévoué au ski, à seulement 20 ans, il fait partie des meilleurs au monde. 

“Je suis un peu émotive en écrivant tout ça. Oli m’impressionne de plus en plus chaque jour. Il mérite tout ce qui lui arrive et, surtout, portez attention à lui pour les prochaines années. Il est plus que déterminé à devenir le meilleur.”

Ouf.

Les quatre skieurs de Nordiq Canada aux Jeux étaient tous âgés de 20 à 23 ans. Et il y a de sérieux prétendants qui poussent derrière. Xavier MacKeever, Félix Olivier-Moreau et Tom Stephen pour n’en nommer que quelques-uns.

La fédération travaille à bâtir un programme post Alex Harvey pour remonter au sommet des classements d’ici les prochains Jeux de 2026. Olivier Léveillé est en pleine ascension depuis trois ans et, en réalité, il avait encore des preuves à faire à Beijing.

Plus maintenant.

Olivier Léveillé (photo: Denis Harbour)

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